• Lucha de gigantes

     

    Lucha de gigantes

    Las huellas de los gigantes- ALEJANDRO RUESGA

    Comme chaque année notre atelier de traduction littéraire a démarré avec une séance consacrée à diverses traductions de l'un des épisodes les plus connus de l'oeuvre de M. de Cervantes El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha dont la 1ère partie fut publiée en 1605. Il s'agit du chapitre 8, la lutte de don Quichotte contre des moulins à vent qu'il voit comme des géants.

    Bibliographie: ¿Qué gigantes? Volume 3 Cervantes, L'aventure des moulins à vent. Collection Translations. Presses Universitaires de Bordeaux

    Cliquez ici pour écouter la lecture de l'épisode en espagnol : 

    Télécharger « Chapitre VIII.m4a »

     

    L'oeuvre de Don Quichotte, parue en 1605, a su traverser les siècles et est devenue le texte espagnol le plus lu de la planète. Cette oeuvre universelle fait partie du patrimoine littéraire français grâce à de nombreuses traductions en français, dont la plus ancienne est contemporaine du Quichotte, celle de César Oudin 1614, et dont nous ne mentionnons (parmi plusieurs dizaines) que quelques-unes, celles de Louis Viardot 1836, de Xavier de Cardaillac et Jean Labarthe 1923, d'Aline Schulman 1997, de Claude Allaigre, Jean Canavaggio, Michel Moner 2001, de Jean-Raymond Fanlo 2008.

    Nous avons pu constater des différences et des similitudes lexicales ou grammaticales entre les diverses traductions, la plus directement visible portant sur l'orthographe du nom Sancho Panza, le serviteur de don Quichotte, qui, selon les versions, par exemple en 2001, s'écrit aussi Sancho Pança.

    Au fil du temps et des traductions, nous pouvons voir que le titre du chapitre où est racontée l'aventure de Sancho Panza a été traduit par différentes expressions. Ainsi la lutte contre les géants dans l'épigraphe du chapitre :

     Del buen suceso que el valeroso don Quijote tuvo en la espantable y jamás imaginada aventura de los molinos de viento, con otros sucesos dignos de felice recordación (Texto original 1605)

    a été traduite successivement par :

     

    Du bon succès que le valeureux Don Quichotte eut en l'épouvantable et jamais imaginée aventure des moulins à vent, avec d'autres événements dignes d'heureuse ressouvenance (Cesar Oudin 1614)

     

    Du succès qu'eut le valeureux Don Quichotte dans l'épouvantable et inouïe aventure des moulins à vent (Filleau de Saint Martin 1678)

     

    Du beau succès qu'eut le valeureux don Quichotte dans l'épouvantable et inimaginable aventure des moulins à vent, avec d'autres événements dignes d'heureuse souvenance. (Louis Viardot 1836)

     

    Du beau résultat qu'obtint le valeureux don Quichotte dans l'épouvantable et jamais imaginée aventure des moulins à vent, et d'autres événements dignes d'heureuse remémoration (X. de Cardaillac et J. Labarthe 1923)

     

    De la grande victoire que le vaillant don Quichotte remporta dans l'épouvantable et incroyable aventure des moulins à vent, avec d'autres événements dignes de mémoire (Aline Schulman 1997)

     

    Les plus anciennes traduisent «el buen suceso» par «Du bon succès» (1614) et «Du beau succès» (1836) Les traductions du XXième siècle emploient des termes différents : «Du beau résultat» (1923) , «De la grande victoire» (1997). Les traductions contemporaines, quant à elles, reviennent à la traduction originelle de César Ourdin : «du beau succès» (2001), «du bon succès». En revanche, l'expression comme "dignos de felice recordación" évolue vers des expressions plus modernes : "dignes de mémoire".

    Dans la préface qui précède sa traduction, A. Schulman expose les deux possibilités qui s'offrent, selon elle, au traducteur d'oeuvres anciennes : "Traduire un texte du passé, une écriture parvenue jusqu'à nous, mais que des siècles séparent de nous, c'est, qu'on le veuille ou non, faire oeuvre de "restauration". Ce terme, tel qu'il est défini dans le dict. Robert, peut prendre des sens différents, voire contradictoires, comme "rétablir en son état ancien" ou "remettre à neuf". Un choix qui s'offre au traducteur : l'option historicisante, philologique, ou celle qui rechercherait avant tout l'actualisation - ces deux attitudes étant des variantes, tout aussi légitimes l'une que l'autre, de notre rapport au temps et à l'histoire de la langue" ("Traduire Don Quichotte aujourd'hui" A. Schulman).

    Nous pouvons comprendre qu'il n'existe pas de traduction juste ou fidèle, mais que chaque traducteur peut avoir sa propre interprétation. Comme l'affirme F. de Miomandre (1935) : "la véritable loyauté, pour un traducteur, ne peut consister qu'en une chose: "donner, en français, l'impression que procure le texte original". 

    L'écrivain Andrés Trapiello, qui vient de publier un livre intitulé "El final de Sancho Panza", affirme dans une interview accordée à l'occasion de sa parution qu'obliger les adolescents espagnols à lire le Quichotte de Cervantes est une drôle d'idée car la langue de Cervantes est une langue morte, incompréhensible pour eux, en revanche les Français ont la possibilité de lire l'oeuvre actualisée grâce aux différentes traductions.

    Le titre de cet article est le titre de la chanson préférée de Roberto Bolaño (1953-2003), auteur chilien, dont l'oeuvre a été traduite par Robert Amutio, traducteur qui anime cet atelier. 

    Lucha de gigantes

    La voici  Antonio Vega Lucha de gigantes

     

     

     

     

     


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